osteguna

Engels: "Feudalismoaren zentro nagusia erromatar Eliza katolikoa zen"

Engels
Friedrich Engels:
SOCIALISME
UTOPIQUE
&
SOCIALISME SCIENTIFIQUE

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Q

uand l'Europe émergea du moyen âge, la bourgeoisie montante; des villes constituait chez elle l'élément révolutionnaire. Cette classe avait conquis dans l'organisation féodale une position reconnue, mais qui, elle-même, était devenue trop étroite pour sa force d'expansion. Le développement de la classe moyenne, de la bourgeoisie, devenait incompatible avec le maintien du système féodal: le système féodal devait donc être détruit.

Or le grand centre international du féodalisme était l'Église catholique romaine. Elle rassemblait toute l'Europe féodale de l'Occident, malgré ses guerres intestines nombreuses, en un grand système politique, opposé aux Grecs schismatiques aussi bien qu'aux pays musulmans. Elle couronnait les institutions féodales de l'auréole d'une consécration divine. Elle avait organisé sa propre hiérarchie sur le modèle féodal et elle avait fini par devenir le seigneur féodal de loin le plus puissant, propriétaire d'un bon tiers au moins des terres du monde catholique. Avant que le féodalisme profane pût être attaqué dans chaque pays avec succès et par le menu, il fallait que son organisation centrale sacrée fût détruite.

Joana III.a Nafarroakoa, kalbinista
De plus, parallèlement à la montée de la bourgeoisie, se produisit le grand essor de la science; de nouveau on cultivait l'astronomie, la mécanique, la physique, l'anatomie et la physiologie. Et la bourgeoisie avait besoin, pour le développement de sa production industrielle, d'une science qui établît les propriétés physiques des objets naturels et les modes d'action des forces de la nature. Or jusque-là, la science n'avait été que l'humble servante de l'Église, qui ne lui avait jamais permis de franchir les limites posées par la foi; c'est la raison pour laquelle elle était tout, sauf une science. Elle s'insurgea contre l'Église; la bourgeoisie, ne pouvant se passer de la science, fut donc contrainte de se joindre au mouvement de révolte.

              Ces remarques, bien qu'intéressant seulement deux des points où la bourgeoisie montante devait fatalement entrer en collision avec la religion établie, suffisent pour démontrer, d'abord que la classe la plus directement intéressée dans la lutte contre les prétentions de l'Église catholique était la bourgeoisie, et ensuite que toute lutte contre le féodalisme devait à l'époque revêtir un déguisement religieux et être dirigée en premier lieu contre l'Église. Mais si les Universités et les marchands des villes lancèrent le cri de guerre, il était certain qu'il trouverait-et il trouva en effet-un puissant écho dans les masses populaires des campagnes, chez les paysans, qui partout devaient durement lutter pour leur existence même contre leurs seigneurs féodaux, tant spirituels que temporels.

La longue lutte de la bourgeoisie contre le féodalisme atteignit son point culminant dans trois grandes batailles décisives.

La première fut ce qu'on appelle la Réforme protestante en Allemagne. Au cri de guerre de Luther contre l'Église, deux insurrections politiques répondirent: d'abord l'insurrection de la petite noblesse dirigée par Franz de Sickingen (1523) puis la grande guerre des Paysans (1525). Toutes les deux furent vaincues, surtout à cause de l'indécision des bourgeois des villes, qui y étaient cependant les plus intéressés; nous ne pouvons examiner ici les causes de cette indécision. Dès ce moment, la lutte dégénéra en une querelle entre les princes locaux et le pouvoir central, et elle eut pour conséquence de rayer pour deux siècles l'Allemagne du nombre des nations européennes jouant un rôle politique. La réforme luthérienne enfanta certes un nouveau credo, mais une religion adaptée aux besoins de la monarchie absolue. Les paysans allemands du Nord- Est ne s'étaient pas plutôt convertis au luthéranisme, que d'hommes libres ils furent ramenés au rang de serfs.

Mais là où Luther échoua, Calvin remporta la victoire. Le dogme calviniste convenait particulièrement bien aux éléments les plus hardis de la bourgeoisie de l'époque. Sa doctrine de la prédestination était l'expression religieuse du fait que, dans le monde commercial de la concurrence, le succès et l'insuccès ne dépendent ni de l'activité, ni de l'habileté de l'homme, mais de circonstances échappant à son contrôle. Succès ou insuccès ne sont pas ceux de qui veut ou de qui dirige: ils tiennent à la grâce de puissances économiques supérieures à l'individu et inconnues de lui. Cela était particulièrement vrai à une époque de révolution économique, alors que de nouveaux centres commerciaux et de nouvelles routes de commerce remplaçaient tous les anciens, que les Indes et l'Amérique étaient ouvertes au monde, et que les articles de foi économiques les plus respectables la valeur de l'or et de l'argent-commençaient à chanceler et à s'écrouler. De plus la constitution de l'Église de Calvin était absolument démocratique et républicaine, et là où le royaume de Dieu était républicains, les royaumes de ce monde pouvaient-ils rester sous la domination de monarques, d'évêques et de seigneurs féodaux ? Tandis que le luthéranisme allemand devenait un instrument docile entre les mains des princes, le calvinisme fonda une République en Hollande et d'actifs partis républicains en Angleterre et, surtout, en Écosse. [...]